Souvenirs du passé

Premier souvenir du passé : les filles du collège

Je ne pense pas me tromper en disant qu’on a tous eu au moins une fois durant le temps de nos études une personne qu’on admirait. Pour ma part, j’ai passé mon temps à admirer les gens et à me sentir inférieur à eux. Cela a commencé lorsque je suis entrée dans cette nouvelle école privée. Ma mère étant institutrice, j’avais donc passé les petites classes à la maison. Pour que je ne sois pas seule, ma mère avait ouvert une petite école privée et il y avait d’autres enfants de niveau et âge différents. Mais lorsque nous avons déménagé en Alsace, elle a trouvé une école privée dans laquelle elle avait à cœur de travailler. Et c’est ainsi que j’ai fait mes premiers pas dans une nouvelle école et franchement je n’étais pas prête. Entrer dans une école quand on a toujours été à la maison entouré de 4-5 gamins c’est comme être jeté dans la fausse aux lions.

J’ai fait du CM1 à la 3ème dans cette école privée avec une classe par niveau, donc toujours les mêmes enfants dans la classe. Et au bout d’un moment, tout le monde finit forcément par se connaître, où du moins connaître le prénom de l’autre et sa classe. Et franchement, c’est tout sauf un cadeau.

Parmi les personnes qui étaient dans ma classe, il y avait ses 4 filles : Harmonie, Élisa, Maéva et Nina. 4 filles que le temps a rendues très rapidement meilleures copines. Harmonie était celle qui… je ne sais pas comment je pourrais définir ce sentiment. Je l’ai toujours perçue comme parfaite. Harmonie, ce n’est pas super joli comme prénom ? Pour moi qui me trimbalais un prénom tellement long que je devais le redire 2 ou 3 fois quand je me présentais Harmonie c’était sublime. Chantant, doux, poétique et très jolie. Et elle le portait bien. De mon point de vue d’enfant, jamais elle ne faisait de fausse note ! Elle avait une taille normale pour son âge, de mes souvenirs en tout cas elle avait la bonne taille pour être en compagnie de garçons. Son corps ne transparaissait aucun défaut. Elle était sportive ce qui lui donnait une allure qui la rendait mince sans être maigre, ni carrée. Elle avait de jolies courbes juste comme il faut pour une fillette qui tend vers l’adolescence. Et sa peau, elle était parfaite ! Son visage ne luisait jamais de sueur ou de gras dû à l’air et à la pollution. Je ne saurais pas dire si elle utilisait du maquillage. Il était doux et naturel. Sa façon de s’habiller la rendait toujours très jolie, mais tout en restant simple. Naturel, simple, belle et parfaite se sont bien 4 mots avec lesquels je pourrais la résumer. Ce qui, pour une raison qui m’est toujours inconnue, la rendait inaccessible de mon point de vue. Je mourrais d’envie d’être son amie ! Une fois elle a même écrit dans mon journal, vous savez ce carnet que les petites filles échangent et dans lesquelles on essaie d’écrire un mot gentil. J’étais heureuse comme jamais qu’elle ait accepté. J’avais vraiment de l’admiration pour elle.

Sa façon de se coiffer était toujours la même. Simple, sobre et pratique. Elle remontait tous ses cheveux en une queue de cheval haute. Aucune mèche de cheveux n’aurait pu la déranger. Elle était vraiment très jolie. Je l’ai vu quelquefois les cheveux lâchés, et je n’ai jamais compris pourquoi elle se les attachait, elle était tellement belle. En soit c’était peut être une façon de ne pas creuser l’écart entre les filles banales et elle qui sait ? Même si, avec du recul, je me dis que je la comprends. Les cheveux attachés c’est tellement plus pratique ! Et elle avait la chance que ça lui aille bien. Son visage fin, élégant et naturel n’avait pas besoin en soit d’être habillé par sa chevelure. Elle aurait pu être chauve qu’elle en serait restée toujours aussi jolie. Mais attention, quand je dis qu’elle était parfaite ce n’est pas uniquement pour son physique ! Elle était intelligente et brillante. Première de classe, tout lui réussissait et pas une matière ne lui résistait. Avoir une meilleure note que Harmonie c’était l’objectif caché de beaucoup de personne. J’ai toujours eu le sentiment qu’elle avait tout pour être heureuse. Et encore plus quand elle a commencé à sortir avec le garçon que je considérais comme le plus top du collège (vous savez, un peu comme dans les films d’ado à l’américaine). Comme si la n° 1 et le n° 1 étaient faits pour finir ensemble ! Malgré son allure douce,  je ne l’ai jamais ressenti dans sa façon d’être ou de parler. Peut-être parce que je trouvais qu’Élisa l’était beaucoup plus qu’elle.

Élisa c’était la bonne copine. Elle était joviale, drôle et agréable. Il est facile de l’aborder et de rire avec elle. Harmonie, je l’admirais et elle me fascinait, je voulais être son amie parce que toutes les petites filles que nous étions voulaient être son amie. Élisa c’était différent. Je l’ai toujours trouvé plus humaine que Harmonie. Harmonie je n’ai jamais pu entrevoir les sentiments qu’elle pouvait éprouver alors qu’Élisa on transmettait ses sentiments. Et à 99 % du temps, c’était de la joie et de la bonne humeur. Élisa c’est la fille pétillante de vie amie avec tout le monde et cool. Si les garçons s’intéressaient aux filles à cette époque, je n’aurais pu dire laquelle ils auraient préférée. La belle, énigmatique et inaccessible Harmonie ou la douce, pétillante et « cool » Élisa. En termes de caractère, et du peu que je les connaissais, je trouvais qu’elle formait vraiment un bon duo. C’était deux meilleures amies inséparables et elles avaient vraiment de la chance d’avoir une si belle amitié. Ayant déménagé, je me retrouvais propulsé à l’autre bout de la France (passer de Normandie à Alsace c’est pas rien !) sans aucune copine. Elle se connaissait depuis toute petite. Je pense même qu’en grandissant elle ne devait plus avoir de secret l’une pour l’autre. Elles avaient vraiment beaucoup de chance…

Physiquement Élisa n’avait rien a envier à Harmonie. En soit nous n’avions pas de « petite grosse » dans notre classe. Contrairement à Harmonie, Élisa avait les cheveux frisés et châtain. Elle n’avait peut-être pas le visage aussi lisse que Harmonie, mais ça ne changeait rien au charme naturel qu’elle dégageait. Franchement, je me suis toujours demandé, comment font les filles pour avoir l’air si fraîche et naturel peut importe la situation ? Les filles doivent apprendre ça à la maternelle… ça expliquerait beaucoup de choses ! Les tenues d’Élisa sortaient parfois un peu de l’ordinaire, mais peut importe ce qu’elle portait elle avait se charme naturel et jovial. J’ai toujours aimé passer du temps avec Élisa. Il m’est souvent arrivé de manger chez elle le midi et pour moi ces moments-là étaient uniques. Il n’y avait personne d’autre. Personne devant qui jouer un rôle. Et je sentais Élisa beaucoup plus à l’aise avec moi. C’était un peu comme une amitié secrète qui se nouait. Et je chérissais chacun de ses moments, ils restent pour moi comme les meilleurs souvenirs que j’ai pu avoir au collège. Parce que dans ce genre de moment j’avais le sentiment qu’elle m’acceptait entièrement et sans retenue telle que j’étais. Je me faisais peut-être des films, mais j’avais l’impression que parfois Élisa n’était pas très à l’aise quand nous étions tous ensemble dans la cour. Comme si elle avait les fesses entre deux chaises. Et même si parfois je la sentais se retenir devant les gens vis-à-vis de moi, je ne l’ai jamais senti fausse. Je n’ai jamais eu l’impression qu’elle se moquait de moi. Si seulement j’avais aussi pu être son amie… Comme une petite normale.

Mais comme l’avez dit une petite fille avec qui j’étais en CM1 et CM2, « toi c’est pas pareil ». J’étais cette fille avec qui on pouvait être amie lorsque l’on est seul, mais devant les autres (c’est à dire à l’école) là par contre non ! Je n’ai jamais compris pourquoi cette fille qui se disait être mon amie n’assumait pas de l’être aussi à l’école. Comme si elle avait quelque chose à prouver. Elle est partie à la fin du primaire et je n’ai jamais pu avoir le fin mot de l’histoire.

Et puis il y avait Nina. J’avoue que je ne me rappelle pas si elle est arrivé au collège ou si elle était là dès le primaire. Nina c’était la fille très coquette, sans que ce soit too much. Sa peau d’une sublime couleur caramel. Le rose lui allait merveilleusement bien. Et je faisais la guerre à cette couleur lorsque j’étais enfant donc c’est qu’elle la portait divinement bien, car sur elle c’était beau ! Les perles, les bijoux elle aimait ça. Et pour une enfant elle savait vraiment bien s’habiller. J’avais une conception de la mode très limitée, mais pour moi Nina l’incarnait très bien. Mes souvenirs sont un peu flous, mais je crois qu’elle était légèrement plus petite qu’Élisa et Harmonie. Nina c’est la fille marrante un peu bête, mais chez qui c’est très attachant. Elle n’était pas stupide, loin de là ! Je pense qu’elle se donnait un genre un peu bébête devant les autres. Elle sortait des blagues et riait beaucoup. Et parfois elle essayait de s’énerver pour engueuler les garçons quand ils riaient d’elle, mais toujours de façon gentille, je n’ai jamais senti de la moquerie de leur part envers elle. Mais jamais ils ne la prenaient au sérieux. En y repensant, quand elle s’énervait cela me faisait penser à un chihuahua qui grogne, on sent qu’il n’est pas content, mais il est tellement mignon !

Nina habitait pas loin de chez moi, on faisait même souvent le trajet ensemble pour aller au collège, le covoiturage permettant de limiter les frais pour nos parents. Mais… Je ne sais pas, on n’a jamais réussi à se rapprocher. Je pense qu’on était trop différente, rien qu’au niveau des centres d’intérêt. Harmonie m’a toujours paru inaccessible de par sa perfection et le faite qu’elle soit indéchiffrable. Mais Nina c’était autre chose. Nina c’était une fille, une vraie, celle qui se maquille, met du vernis, se coiffe, porte des accessoires, etc. Je n’ai jamais vraiment été une fille lorsque j’étais enfant. Moi j’étais plus jogging, pantalon patte d’éléphant et vieux pulls récupérer de je ne sais qui. Ma mère était adepte de la récup. J’étais plus un garçon manqué. Les jupes, les robes, les collants et le rose je leur faisait la guerre au grand désespoir de ma mère. Mais le pire c’est que je ne me rappelle pas pourquoi. Si seulement j’avais pu être plus « fille »…

Et enfin il y avait Maéva. C’est la personne dont j’ai le plus de mal à parler. Je n’ai jamais réussi à la cerner. Elle était tantôt gentille et tantôt je la trouvais froide. Et sa gentillesse envers moi m’a toujours paru fausse. Je me rappelle qu’elle était grande. Elle avait les cheveux frisés noirs et bien qu’elle soit toute aussi jolie que ses 3 amies j’ai toujours trouvé qu’elle était imposante. Pas dans le sens mastoc, mais dans le sens où je me sentais vite ridicule, surtout puisque j’étais plus petite qu’elle en taille. Ce n’était peut-être pas volontaire, mais je n’étais pas rassuré par elle et j’avais le sentiment qu’elle cherchait toujours à faire une action parce que cela lui rapporterait quelque chose. Comme si elle jouait un rôle. Maéva, je l’ai toujours trouvé espiègle et fourbe. Et j’avais se perpétuel sentiment de ne pas être à la hauteur. Ce qui était grandement frustrant. Mais si elle me demandait de l’aide, j’acceptais volontiers. Qu’une de ses 4 filles puisse vouloir passer du temps avec moi ou avoir besoin de mon aide me remplissait de joie. Je me rappelle du voyage humanitaire organisé par le collège et Élisa et Maéva l’ont fait, manquant donc plusieurs jours de cours. Maéva m’avait demandé si je pouvais lui prendre les cours. J’étais tellement excitée qu’elle me l’ait demandé à moi ! Je me suis pliée en 4 pour lui prendre ses cours. J’étais vraiment très heureuse. Elle m’a ramené un très joli collier en perle bleue d’Afrique, et, jusqu’à ce que je vive de nombreux déménagement, je l’avais conservé précieusement.

Je pense qu’au fond, chacune d’elle ne se rendait pas compte, n’avait pas conscience de la réalité. Et que lorsqu’on est enfant on ne se rend pas forcément compte de la portée de nos actes. Ces 4 grandes copines. Des meilleures amies. Et même aujourd’hui on sent le lien des amitiés qui les réunit. Elles sont devenues chacune de très belle femme. D’ailleurs Nina et Élisa n’ont pas perdu leur superbe et chaleureux sourire. Ces 4 grandes copines, qui, je pense, sans le vouloir, m’ont fait beaucoup de mal…

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